Pour les pays sous-développés, lutter efficacement contre la pauvreté requiert l’implication d’un maximum d’acteurs. Si l’on vise une moisson abondante, il faut beaucoup d’ouvriers. Pour des raisons historiques, au Sénégal, la seule éducation qui facilite vraiment l’insertion dans le circuit économique et productif formel est dispensée en Français.
On connaît alors les difficultés d’insertion des Sénégalais qui, pour une raison ou une autre, ont pris le parti d’étudier en Arabe, au Sénégal ou à l’étranger. Même s’ils sont parfois des diplômés à part entière, le système a tendance à les considérer comme ... entièrement à part. Sidy Lamine Niasse, directeur de “Wal Fadjri” s’en était fait l’écho dans l’ouvrage qu’il a écrit sur son parcours dans la presse intitulé “ Un arabisant entre presse et pouvoir ”. Les initiateurs de l’Association Africaine d’Aide, de Formation et d’Insertion des Arabisants (AFIA) ont aussi compris ces difficultés, eux dont les objectifs sont d’agir pour impliquer les lettrés en Arabe, du Sénégal et même de la sous-région dans la lutte contre la pauvreté, en tirant parti, entre autres, des possibilités offertes par les Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication.
Vaste programme que nous a expliqué le président de l’AFIA, M. Moustapha Sall, dont l’association, créée en mai 2000, a aujourd’hui quatre ans d’existence. Ce n’est pourtant que depuis deux ans que le démarrage effectif des activités a pu se réaliser à la faveur d’un partenariat en 2002 avec l’Institut Islamique de Dakar. C’est d’ailleurs aussi cette année-là que l’AFIA entreprend quelques initiatives pour mieux se faire connaître.
En ce temps-là, Mme Aminata Tall, alors ministre du Développement social, mise au courant des objectifs de l’AFIA, s’enthousiasme aussitôt. Son ministère signe un protocole d’accord avec l’association, pour un projet intitulé “ Les lettrés en Arabe à l’école de l’entreprenariat et des NTIC ”.
Il s’agissait d’aider la structure à mettre en place ses centres-pilote d’enseignement en informatique et en entreprenariat.
Le ministère du Développement social subventionne même l’AFIA pour des locaux que l’association occupera pendant un an. Moins d’un mois cependant après la signature du protocole d’accord, le 9 octobre 2002, survint un remaniement ministériel. Mme Aminata Tall quitte son poste et l’équipe gouvernementale, tandis que son ancien département est éclaté entre deux ministères qui semblent estimer, à tort ou à raison, que les problèmes des arabisants ne font pas vraiment partie de leurs centres d’intérêt.
Coup dur, certainement, pour l’AFIA qui voyait s’annoncer les prémices d’une coopération fructueuse, l’ancienne ministre du Développement social ayant, selon Moustapha Sall “beaucoup apprécié le projet”, y compris dans “la perspective d’un développement de la coopération avec les pays arabes”.
La même année cependant (2002), des discussions s’engagent entre le président de l’AFIA, M. Moustapha Sall et le directeur de l’Institut Islamique, M. Oumar Guèye. Celles-ci débouchent heureusement sur la création et le lancement du premier centre-pilote de l’AFIA dans les locaux de l’Institut Islamique de Dakar.
Avec une quinzaine d’ordinateurs, cet espace offre, en langue Arabe, une formation en informatique et en entreprenariat. Une dizaine de matières sont enseignées, en un cursus de trois ans, à la soixantaine d’élèves qui le fréquentent. Les outils de travail en informatique sont les versions Arabes du système d’exploitation Windows et des logiciels de traitement de texte, de calcul, de base de données et de présentation (Word, Excel, Access, PowerPoint). Est aussi enseigné aux élèves tout ce qu’il faut savoir pour créer et réussir une activité professionnelle : réglementation, contexte mondial et local, démarches de création, types d’entreprises, éléments de comptabilité, etc. Pour lier tout cela au contexte socio-économique sénégalais et mondial, les disciplines enseignées intègrent aussi le Français et l’Anglais.
Selon M. Moustapha Sall, les ambitions de l’AFIA se déclinent en quatre phases, dont le centre-pilote abrité par l’Institut Islamique de Dakar ne constitue que la première. La prochaine étape, qui se veut “ à court terme ”, c’est l’organisation d’une conférence, nationale ou internationale, dont le thème retenu est : “ Implication des arabophones dans la lutte contre la pauvreté et dans la société de l’information”.
“ Les discussions sont en cours avec la Délégation Générale au NEPAD ”, nous a déclaré le président de l’Association Africaine d’Aide, de Formation et d’Insertion des Arabisants pour qui les objectifs de l’AFIA, de par leur caractère sous-régional, peuvent s’intégrer aussi dans le cadre du NEPAD, d’une part, et dans son volet Nouvelles technologies, d’autre part. Cette deuxième phase prévoit également l’ouverture de centres de formation dans cinq capitales régionales : Thiès, Louga, Diourbel, Saint-Louis et Kaolack.
La troisième phase étendra l’expérience des centres de formation aux autres capitales régionales avant que la quatrième ne prenne en compte les pays de la sous-région, essentiellement les voisins immédiats, la Gambie, le Mali et la Guinée-Conakry. Si la Mauritanie n’est pas prise en compte ici, c’est, on le comprend, parce l’Arabe y a déjà sa place dans le système éducatif.
Il est indéniable, cependant, que l’AFIA rencontre quelques difficultés à se faire accepter encore comme partenaire à part entière. L’on a encore tendance à considérer comme “ informel ” tout ce qui tourne autour de programmes non-Français (ou non-Anglais). L’AFIA en fait probablement les frais. Même si l’association a des relations avec quelques ministères, même si elle a des contacts avec la Délégation Générale au NEPAD, même si elle est membre du groupe de réflexion récemment mis en place par le ministère de l’Information et de la Coopération panafricaine dans les NTIC pour vulgariser les NTIC chez les jeunes, l’AFIA a encore peut-être quelque mal à convaincre les autorités et à prendre son envol.
Malgré des objectifs nobles : développer les NTIC chez nos compatriotes qui ont fait leur cursus en Arabe, développer aussi leur esprit d’entreprenariat. Si l’association, dont l’agrément en ONG est actuellement en cours, parvient cependant à capter et à éduquer une masse critique d’arabophones et à les faire entrer dans la société de l’information par une initiation pertinente aux Nouvelles technologies, cela constituerait, à n’en pas douter, un résultat appréciable pour le Sénégal. Et même - l’AFIA ayant affiché dans ses statuts des visées sous-régionales - pour l’Afrique. Une Afrique qui doit fédérer les énergies et les apports de tous ses fils - qu’ils soient anglophones, francophones, lusophones ou arabophones - pour réduire sa pauvreté et accroître ses richesses.
ALAIN JUST COLY
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