Il aurait pu partir travailler à l’étranger. Mais Amadou Top, 53 ans, a l’Afrique chevillée au corps. Il est donc resté à Dakar, et bien lui en a pris. Car, entre la capitale du Sénégal, Abidjan et Conakry, il est devenu le gourou du web, le marabout de la Toile.
Dieu sait, pourtant, que cet ingénieur informaticien, formé à Dakar et à l’Inria en France, a reçu des propositions pour prendre son envol vers l’Occident ! Le bogue de l’an 2000 et le décollage de l’Internet ont fait exploser les besoins en matière grise des grands groupes industriels et donné du lustre aux informaticiens du tiers-monde. Mais lui a toujours dit non. Non au départ, non à l’argent facile, non à la facilité tout court.
Question d’éthique personnelle. Musulman pratiquant, d’origine modeste, Amadou Top se définit comme un « irréductible monogame », marié depuis vingt-sept ans à une ingénieur chimiste et père de trois enfants. Sur les rails, quoi ! Sauf que le grain de folie est là, patent. Sinon, pourquoi faire la promotion de l’Internet en Afrique ? Ici, les coupures d’électricité sont aussi fréquentes qu’inattendues. Se brancher sur le Net est un défi permanent. Et trouver des lignes téléphoniques, une gageure. Sur les 13 000 villages de la campagne sénégalaise, à peine 3 000 sont équipés. Sans parler de l’analphabétisme, qui touche encore au Sénégal près de 65 % de la population...
Sensibiliser la population
« L’Internet, chez nous, réplique Amadou, royal, est une chance économique formidable pour notre pays. » Et de reprendre le discours qu’il sert régulièrement aux politiques africains : l’impact d’une telle innovation sur les connaissances, la création d’emplois... « Faire un diagnostic médical à distance peut nous permettre de pallier le manque de médecins et le fait que les ambulances tombent en panne tous les 10 mètres », explique-t-il. Un discours bien rodé. Cela fait des années que, tout en dirigeant une SSII spécialisée dans la conception et la réalisation de sites, il se bat pour imposer le concept de la Toile. « Petit à petit, on y arrive », explique-t-il.
Séduits par la musique qui s’échappe de « la machine informatique », les hommes politiques commencent effectivement à apprendre ce qu’arobase veut dire. Ils s’enthousiasment. Puis ils s’inquiètent : « Est-ce bien conforme à la religion musulmane ? » Il faut les rassurer, et surtout sensibiliser la population. L’une de ses thèses favorites est qu’il faut s’inspirer du succès des télécentres, où les Sénégalais se retrouvent pour téléphoner, passer un fax et sceller quelques affaires. « Installer l’Internet dans de tels endroits, s’enthousiasme Amadou, permettra à coup sûr sa propagation. » Tout ce qu’il faut, c’est s’assurer le concours des « médiateurs », des Sénégalais qui savent lire et écrire et qui jouent le rôle d’interface entre les analphabètes et les machines à communiquer dans ces télécentres. Il s’y emploie, et la formule commence à prendre. Le sous-développement soluble dans l’Internet ?
© Le Point - 26/01/2001 - N°1480, p.142- Le PointCom -
Bande passante internationale : 172 Gbps
4 FAI (Orange, Arc Télécom, Waw Télécom et Africa Access)
19 266 179 abonnés Internet
Liaisons louées : 3971
Taux de pénétration des services Internet : 106,84%
3 opérateurs : Sonatel, Expresso et Saga Africa Holdings Limited
382 721 abonnés
336 817 résidentiels (88,01%)
45 904 professionnels (11,99%)
Taux de pénétration : 1,67%
3 opérateurs (Orange, Free et Expresso)
21 889 688 abonnés
Taux de pénétration : 123,34%
3 050 000 utilisateurs
Taux de pénétration : 17,4%
Facebook : 2 600 000
Facebook Messenger : 675 200
Instagram : 931 500
LinkedIn : 930 000
Twitter : 300 000