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Aïcha Dème, co-fondatrice du site Agendakar : « J’ai toujours aimé la coupe afro »

mercredi 30 avril 2014

Elle est une femme singulière. Son éternelle coupe afro attire l’attention dès qu’elle fait une apparition dans un évènement culturel. La culture, c’est sa chose. Elle ne s’en cache pas. « La culture est ma passion de toujours », affirme Aïcha Dème, co-fondatrice du site Agendakar. Quand elle eut l’envie de changer de métier, (elle est informaticienne à la base), cette belle Peul à l’abord facile a décidé de faire connaître au public dakarois les bons programmes de la cité. Cela fait 5 ans déjà que l’aventure a débuté. Et pour marquer la réussite de ce projet, Le Quotidien ouvre ses colonnes à Aïcha Dème qui garde tout de sa vie privée, laissant juste savoir son admiration pour Souleymane Faye.

En entendant Agendakar, on pense immédiatement à agenda. Est-ce qu’il répertorie tous les évènements culturels ?

C’est un agenda culturel. C’est pour cela qu’on l’appelle Agendakar. Notre but, c’est de donner tous les évènements culturels qui se passent à Dakar pour tous les goûts, tous les thèmes. Que ce soit une soirée reggae, les conférences, les concerts de n’importe qui… Vraiment tout ce qui se passe dans le milieu culturel sénégalais. Si vous voulez sortir, vous venez sur Agendakar, vous avez tous les programmes. Comme cela vous savez où allez et ce qui se passe. En réalité, Dakar bouge beaucoup. Les gens sortent beaucoup. Ça bouillonne. Et il y a matière à écrire.

On a tout de même l’impression que tous les évènements se résument à la musique.

Non justement. Je l’ai compris en faisant ce travail. Malheureusement, c’est la musique qui est mise en avant. Mais il se passe beaucoup d’autres choses. Les jeudis, il y a beaucoup de conférences. Il y a également beaucoup d’expositions, des résidences d’artistes. Mais cette information n’est pas très accessible. La musique, on en parle beaucoup. Le reste, on n’en parle pas beaucoup. C’est pour cela qu’on a créé Agendakar. L’information n’était pas facile à avoir et on s’est dit, on va chercher l’information et la donner à nos utilisateurs.

Il faut reconnaître qu’il y a une certaine stagnation dans ce que proposent nos artistes…

Il y a une créativité. Même dans la musique, il y a des jeunes qui émergent, qui font des choses différentes de ce qu’on connaît, du mbalakh classique. Aujourd’hui, vous voyez des jeunes comme Ali Beta ou Takeïfa qui font des choses merveilleuses. Il y en a beaucoup qui font des choses différentes de ce qu’on fait d’habitude. Je ne dirai pas que ça stagne. C’est peut-être difficile pour eux, mais ça avance. D’après ce que je vois, la créativité est là.

En tant qu’observatrice de la vie culturelle, est-ce que vous sentez une volonté du ministère de la Culture de faire évoluer les choses ?

La volonté est toujours là. Mainte­nant, le suivi doit être difficile. Les artistes se plaignent souvent de ne pas être assez accompagnés. Mais quand on est artiste, on ne doit pas juste s’attendre à ce que le gouvernement ou le ministère de la Culture s’occupe de tout. C’est vrai qu’ils sont là pour ça. Ils doivent les accompagner, mais ils ne font pas des miracles. Chacun doit faire comme il peut, pousser, ne pas compter que sur ça et essayer de trouver des moyens entre artistes et acteurs culturels. Ne pas attendre. Ne pas compter toujours sur le gouvernement ou les sponsors. Essayer de construire une industrie qui pourrait faire qu’ils soient un peu plus indépendants.

Vous travailliez dans une banque avant de tout quitter pour créer avec votre associé ce site. Comment est-ce qu’on peut quitter un boulot stable pour s’aventurer dans la culture ?

Il faut être un peu fou. La vraie histoire, c’est que j’étais informaticienne de formation et à un moment, j’avais envie de changer de métier. J’ai fait ça assez longtemps et c’était assez dur comme travail. La culture est ma passion de toujours. Toute petite, j’allais à Sorano voir les Awa Sène Sarr. J’allais aux concerts du Pbs. Ça a continué et je continue toujours à chercher l’information. J’allais au Centre culturel français ou au Centre culturel Blaise Senghor. Même en étant à la banque, j’étais celle que les gens appellent pour s’informer de ce qui se passe sur le plan culturel. Mes amis se moquaient de moi en me disant tu devrais en faire ton travail. Et comme à un moment donné j’avais envie de changer de métier, c’est naturellement que j’ai viré dans la culture. Nous étions en 2009 et faisons partie d’une génération qui est toujours sur internet. Je me disais que c’est dommage que sur internet, il n’y ait pas un site où on peut aller pour avoir les évènements qui se passent. Quand je voyageais par exemple en France, dès que j’arrivais, j’allais sur internet et cherchais les soirées de poésie, parce que j’aime la poésie. Tout le temps je me disais : mais c’est dommage qu’on n’ait pas cela au Sénégal. Quand j’ai eu envie de changer de métier, mes amis m’ont dit : la culture ne va pas t’échapper. Mais comment faites-vous pour rentabiliser le site avec sa gratuité ? Cela a été très difficile au début. Avec un de mes amis qui s’appelle Alassane Dème qui venait de revenir avec une formation en ingénieur, on a décidé de le faire ensemble. Il montait une boîte qui s’appelle Nelam services. Cela a été le premier produit de cette boîte. Nous sommes venus tous naïfs vers ce projet. On s’est dit on va faire un site web avec un agenda culturel et cela va marcher. Mais les premières années ont été très dures. Mais à partir du moment où on s’est fait connaître, on a fait connaître notre savoir-faire de la communication sur internet, on a commencé à gagner d’autres projets qui ne sont pas forcément liés à Agendakar. Nous développons d’autres services autour d’internet. C’est cela qui rapporte de l’argent. Nous avons aussi à un moment été soutenus par la coopération espagnole. On était vraiment à bout et on se demandait si on allait continuer ou arrêter, mais heureusement, il y avait eu cette opportunité. On a eu cette subvention, ce qui nous a permis de recruter une équipe et de pouvoir travailler sur d’autres projets.

Donc, c’est d’autres projets qui font marcher Agendakar ?

Agendakar marche parce que nous avons des produits qui tournent autour. On a une émission télé qui passe sur la Tfm, qui s’appelle What’s up Dak et qui donne le programme tous les jours pour les gens qui ne vont pas sur internet. Il y a beaucoup de produits que nous avons développés autour d’Agendakar. Mais Agendakar, à la base, nous voulions vraiment mettre en avant les artistes et les évènements culturels. Mais si tu veux avoir ces programmes, tu ne peux pas demander aux gens de payer parce que tout le monde ne peut pas payer. Peut-être un Youssou Ndour pourra le faire pour son concert, mais le petit peintre qui est au fin fond de la Médina n’a pas les moyens de payer pour être sur Agendakar. Et pour avoir toutes les informations, on a fait cela gratuitement, mais Agendakar commence maintenant à générer des revenus.

Techniquement et financièrement, quelles sont les difficultés ?

Techniquement, c’était moins dur parce que les compétences étaient là. Mon associé a les compétences qu’il faut. On a toujours trouvé les équipes qu’il faut. Au début, ce qui a été difficile c’est effectivement le contenu parce qu’au Sénégal pour communiquer des évènements on n’avait pas cette culture d’aller sur internet. Les gens dès qu’ils ont un concert, ils pensent à aller à la tété ou à la radio pour faire un spot. Maintenant, avec facebook, c’est différent. Ce qui était difficile, c’est de venir et dire à l’artiste donne moi ton information, je la mets sur un site web et faire de la publicité gratuitement. On leur expliquait cela, ils disaient oui, mais ils ne suivaient pas. Ils n’avaient pas cette habitude là. Il fallait courir après constamment. Après, on a commencé à avoir un carnet d’adresses, mais c’était très dur. Il fallait appeler tout le temps pour connaître les programmes et les tarifs et faire une grosse publicité. L’artiste ne sait même pas qu’on a fait la publicité sur Agendakar. Aujourd’hui, je me demande comment j’ai pu faire tout cela. On se déplaçait, on appelait, j’écrivais des mails s’ils ne répondent pas, je prends un taxi ou ma voiture pour aller là-bas. Je prends le programme de tout le mois, je m’arrête dans la rue, je regarde les affiches, je les copie et après je viens le mettre sur Agendakar. Mais une fois qu’ils ont compris l’utilité de la chose, c’est l’information qui vient vers nous. Nous n’avons plus besoin d’aller la chercher de manière générale.

Après Agendakar, est-ce que vous et votre associé avez d’autres projets ?

Nous aimerions beaucoup si les moyens suivent, et vous serai informé, faire beaucoup de choses. Nous sommes sur des projets que nous ont confiés des clients. Par exemple, nous avons fait la campagne Ñull kukk. C’était notre initiative. Là, nous préparons notre cinquième anniversaire. Et ça va être un grand évènement culturel, le 28 mars (Ndlr- Hier). Ce sera une surprise. Ce sera toujours dans le sens de la promotion de la culture.

Avec ce combat pour imposer Agendakar, trouvez-vous du temps pour une vie de famille ?

C’est un travail comme un autre. Quand j’étais à la banque, je travaillais jusqu’à la nuit. J’ai toujours beaucoup travaillé. Ça ne change pas beaucoup la vie de famille. Ce que je fais avec Agendakar, c’est plus facile parce qu’il y a cette passion. D’ail­leurs, les gens pensent que tu t’amuses parce qu’ils te voient dans toutes les expositions, mais c’est un travail comme un autre.

Est-ce que Aïcha est mariée ?

Non. Je ne vais pas parler de ma vie privée. Mais ma vie de famille se passe très bien.

Est-ce que vous trouvez du temps à consacrer à une vie sociale ?

Il faut toujours en trouver. Et déjà ça c’est une vie sociale. Personnelle­ment, je suis quelqu’une de très famille. La vie de famille est très importante pour moi. Quoi qu’il arrive, je trouve le temps pour cela. Mais en même temps à Agendakar aussi, il y a beaucoup de social. C’est un travail où tu rencontres beaucoup de gens. Ça fait partie des choses qui me touchent le plus dans ce travail. Je rencontre énormément de monde que je n’aurais peut-être pas rencontré en temps normal. C’est souvent enrichissant.

Donc en travaillant, vous vous amusez ?

Oui. J’ai de la chance parce que j’aime beaucoup ce que je fais. Ce n’est pas tout le temps que je m’amuse forcément. Ce n’est pas tout le temps cool. Parfois, je dois aller couvrir un évènement que je n’aime pas forcément. On ne peut pas tout aimer. Je ne peux aller couvrir un évènement que je n’apprécie pas et bien écrire. J’ai des rubriques où je donne mon opinion. Mais comme c’est une passion, il arrive que je travaille beaucoup trop sans m’en rendre compte.

Parmi les artistes que vous allez voir, est-ce qu’il y en a un que vous préférez plus que d’autres ?

J’ai un grand coup de cœur pour le slam, la poésie. J’adore cela. Au tout début, Agendakar a commencé à faire naître le slam à Dakar. Nous avons accompagné ce mouvement. Nous avons fait beaucoup de promotion parce que cela me passionne. Il y a comme une fierté parce qu’Agen­dakar a beaucoup aidé à faire la promotion du slam à Dakar avec le collectif Vendredi Slam.

Et côté musique ?

J’aime beaucoup la musique. J’écoute beaucoup de jazz, beaucoup de reggae, de blues. J’aime beaucoup les chansons à texte. J’aime beaucoup les mots. Mon artiste préféré de tous les temps, je le dis toujours c’est Souleymane Faye. Il est juste incroyable. C’est un artiste immense. Il a un talent incroyable. Sa manière de dire les choses. Sa manière de peindre la société sénégalaise, on ne se rend pas compte, il le fait avec une subtilité dans sa manière de le chanter tout naturellement. Et puis, Souleymane Faye est un artiste tellement grand, mais on ne s’en rend pas compte parce qu’il est dans son coin et fait ce qu’il a à faire. Il n’est pas trop dans le show-biz. Mais sa manière de dire les choses touche de tout dans la société. C’est notre Jacques Brel. J’adore Souleymane Faye.

Votre préférence musicale explique peut-être votre look afro ?

Ça peut être une influence. J’aime beaucoup le côté naturel. A mon avis, c’est beau. J’ai toujours aimé la coupe afro, depuis que je suis toute petite. C’est peut-être pour cela que quand je voyais les Aretha Franklin, je trouvais toujours cela magnifique. Je trouve que les cheveux naturels c’est magnifique.

Awa Guèye

(Source : Le Quotidien, 30 avril 2014)

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