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Accueil > Articles de presse > Archives 1999-2024 > Année 2008 > Octobre > Afrique : Indispensable téléphone portable

Afrique : Indispensable téléphone portable

mercredi 22 octobre 2008

Téléphonie

Défiant les scénarios les plus optimistes, l’Afrique comptabilisait plus de 267 millions d’abonnements au mobile fin 2007 et, compte tenu du taux de progression évalué encore aujourd’hui à 40 %, on a sans doute déjà largement dépassé ce chiffre. Véritable « révolution technologique du XXIe siècle », selon un internaute nigérien, le téléphone portable a des effets d’autant plus visibles qu’il est pour la plupart de ses utilisateurs le premier et souvent le seul moyen d’accès aux télécommunications. Indispensable portable ? C’est la première partie de cette enquête réalisée avec la participation des membres de l’Atelier des Médias et des clubs Rfi.

Dans les milieux populaires ivoiriens, en argot Nouchi, c’est le « lalé » ou le « Bigo ». On l’appelle aussi « enjaillement d’oreilles », autrement dit « plaisir d’oreilles », poursuit Yoroba, membre de l’Atelier des médias résidant à Abidjan, « soit parce que la personne au bout du fil dit des mots doux, soit parce qu’écouter quelqu’un au téléphone est intéressant », conclut-il. Cela fait longtemps maintenant que le téléphone portable fait partie du paysage africain, avec ses surnoms et les nouvelles habitudes - et nuisances - que l’on trouve partout dans son sillage. En avoir un serait même une « obligation », à lire le message de Charles de Kinshasa, « sinon on n’est pas dans le réseau ». Preuve s’il en était encore besoin de sa propagation fulgurante parmi les populations urbaines africaines, tous les entretiens audio enregistrés lors de cette enquête ont été réalisés grâce au cellulaire, nos témoins ne disposant d’aucun autre numéro pour les joindre. « Imaginez à la maison, nous raconte Abdoulaye de Ndjamena, nous sommes dix et sept ont un téléphone portable. » Et selon Daniel Annerose, directeur de la société sénégalaise Manobi spécialisée dans les services mobiles, « ceux qui ne l’ont pas voudraient en avoir un ». Et ceux qui en ont un tiennent à le faire savoir. Au Burkina, c’est même la nouvelle manière de situer les gens sur l’échelle sociale. De ce point de vue, selon Sylvestre de l’association burkinabé Yam Pukri , le mobile a remplacé ...la moto ! Sylvestre Ouédraogo : « Aujourd’hui c’est le téléphone portable qui permet de se distinguer dans la société du Burkina » Dans des pays où la téléphonie fixe est presque inexistante (« la plupart des sociétés africaines est passée directement au téléphone portable sans avoir maîtrisé le fixe. Le téléphone fixe n’est pas rentré dans la mentalité des Congolais », écrit Charles de Kinshasa), le mobile continue son implacable progression. L’association GSM, qui regroupe quelque 750 opérateurs à travers le monde, affirme d’ailleurs vouloir investir 50 milliards de dollars supplémentaires en Afrique subsaharienne pour « couvrir 90% de la population d’ici les cinq prochaines années. » Autre signe de la concurrence entre les acteurs économiques sur cette zone, le rachat de 70% de Ghana Telecom par le géant britannique Vodafone en juillet dernier pour la somme de 900 millions de dollars ! Marché en formidable expansion, le secteur du mobile a en outre un impact beaucoup plus fort en Afrique qu’ailleurs, selon Vanessa Gray du département des statistiques de l’Union Internationale des Télécommunications.

Vanessa Gray : « Le continent africain a la plus forte augmentation de mobiles dans le monde »

Bien sûr, le phénomène est très variable d’une région à l’autre. Comme pour l’internet, ce sont les extrémités sud et nord du continent qui sont en tête pour le nombre d’abonnements avec respectivement 85% et 53% des personnes effectivement munies d’un téléphone contre un peu plus de 25% pour l’Afrique subsaharienne. Entre un pays et un autre les écarts ne sont pas moins saisissants : moins de 2% d’abonnements en Ethiopie contre près de 90% au Gabon... Un retard dans certains pays que les opérateurs et les constructeurs de terminaux téléphoniques se font fort de combler. A titre d’exemple, l’arrivée de la marque Orange il y a quelques semaines au Niger a attiré plus de 170 000 nouveaux clients « et il y a encore beaucoup de clients non équipés », selon le directeur de la zone Afrique de l’Ouest de l’opérateur.

Jean Michel Garrouteigt : « Les gens cherchent un partenaire qui va au delà d’un service téléphonique simple »

Mais si les chiffres sont frappants, il faut toutefois les manier avec une certaine précaution. Il n’est en effet pas rare selon Abdoulaye, président du club Rfi de Ndjamena « de rencontrer un passant avec deux, trois ou quatre appareils téléphoniques portables en main. La raison en est que chacun voudrait détenir un numéro de chaque opérateur de la téléphonie mobile au Tchad » et payer ainsi moins cher les appels surtaxés entre deux opérateurs différents (ce que l’on appelle les tarifs d’interconnexion). « Du fait, les appareils à « doubles Sim » sont aujourd’hui prisés sur le marché tchadien. » Et pas seulement sur le marché tchadien puisque c’est Jean de Douala qui nous décrit ce dispositif de portable multicarte comme « une trouvaille des fabricants de téléphones portables [...] permettant à l’utilisateur d’avoir, au lieu de deux téléphones, qui parfois encombrent, un seul dans lequel sont insérées les cartes Sim de deux opérateurs de mobile. » Un seul client derrière plusieurs abonnements induit donc une modération dans les chiffres. L’UIT en est consciente mais met en regard une autre pratique assez répandue dans les pays africains : le partage du même téléphone.

Vanessa Gray : « Ici, les gens partagent leur accès téléphonique avec plusieurs personnes »

Et vous ? Partagez-vous votre téléphone ? Nous avons posé la question sur le forum de la discussion. « Non, nous a répondu Gratien, puisque « tous mes proches adultes en ont » à Kinshasa. Même chose pour Yoroba d’Abidjan qui « l’utilise seul ». En fait, ce partage du même téléphone semble plutôt concerner les campagnes où l’accès au mobile est plus problématique qu’en ville. « Par exemple ici au Niger, des villageois se regroupent pour payer un téléphone cellulaire avec puce et font une utilisation commune, [...] comme on faisait avec une ligne fixe », écrit Abani Ali Hamza. Les villages : dernière frontière des opérateurs mobiles Si les villes africaines résonnent de plus en plus des conversations bruyantes des abonnés au téléphone portable ( à Abidjan, selon Yoroba, « la mauvaise qualité du réseau [...] fait que les personnes sont obligées de crier pour se faire entendre »), les campagnes africaines en revanche sont encore très calmes. En 2007 selon l’UIT, 7% des foyers africains disposent effectivement d’un téléphone mobile en zone rurale. Et si les endroits où l’on peut capter le signal sont de plus en plus étendus, 40% de la population n’est pas encore couverte par un réseau de téléphonie mobile, soit plus de 300 millions de personnes. Difficulté supplémentaire, ceux qui ont un téléphone doivent trouver un moyen de recharger sa batterie. Tandis que les citadins comme Abdoulaye de Ndjamena ont à leur disposition des « cabines spécialement mises en place pour la charge électrique à 250 CFA », Sylvestre qui coordonne l’association Yam Pukri dédiée au développement des Technologies de l’information et de la Communication au Burkina Faso raconte qu’« il n’est pas rare de faire des kilomètres et des kilomètres pour avoir un point où il y a du courant électrique pour recharger son téléphone portable ». Seul enseignant de son village près de Tétouan au Maroc à plus de 1200 mètres d’altitude, Mohamed recharge donc son téléphone à l’aide d’un panneau solaire, même si, selon lui, avec le temps « cela dégrade la qualité du téléphone. » Or, si le téléphone portable se vend de moins en moins cher, y compris au marché noir comme à Dakar, où nous avons joint Basile, il reste un objet de luxe pour beaucoup en Afrique. Depuis Douala, Jean rappelle que « pendant que les nantis changent de portables comme de chaussettes, il y en a qui ne peuvent pas toujours s’offrir même pas ce que nous appelons au Cameroun un ’ parpaing ’, autrement dit un grotesque téléphone bon marché. Ce fossé entre riches et pauvres est un élément à considérer. » Ajuster les tarifs, c’est tout l’enjeu des efforts considérables que font opérateurs mobiles et constructeurs de téléphone en Afrique. Facturation à la seconde, possibilité de « recharger la carte d’un ami ou d’un parent à distance », téléphone « carte bancaire », services de « rappel gratuit » (call back) pour être joint quand on n’a plus d’unité sur sa carte : de nouveaux services apparaissent en permanence. Et dans leurs fondations (car tous les opérateurs et les entreprises qui travaillent dans le secteur mobile ont une Fondation), des projets sont lancés. Ils servent souvent de tests pour trouver d’autres usages du mobile adaptés au niveau de vie des populations. Des populations prêtes à investir beaucoup, parfois dix fois plus que les utilisateurs européens, par exemple, pour avoir accès aux portables. Ce sera le sujet de notre deuxième épisode sur le mobile en Afrique : « Echange temps de communication contre céréales », toujours en collaboration avec les membres de l’Atelier des Médias.

Anne-Laure Marie

(Source : RFI, 22 octobre 2008)

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  • 432_croissance_mobile_africa-bdeb2.jpg (JPG - 19.9 kio)

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